Quand l’IA s’invite à la table des DRH : vers un futur du travail plus humain et engagé 2/2

Le monde du travail « care » 

Ce monde du travail « care » serait un monde où le « prendre soin de » serait le mot d’ordre. La prise en compte du bien- être des collaborateurs, de la qualité de vie, de l’équilibre vie privée-vie professionnelle sont certes des sujets connus dans la littérature managériale mais leur traduction en pratique peut encore être variable d’une organisation à une autre. Il s’agit pour ce faire de développer toutes les politiques dites de QVCT (Qualité de Vie et des Conditions de Travail), de travailler de façon plus concertée et collective sur le management du travail, de repenser tous les équilibres temps/espaces de travail. Dans ce monde du travail « care », il convient également de prendre soin des collaborateurs en les faisant grandir et là, nous retrouvons les orientations de la Réforme Pénicaud sur la liberté de choisir son avenir professionnel. Les DRH ont un rôle crucial à jouer demain, et encore plus qu’hier sur la montée en compétences des équipes, individuellement et collectivement. Il conviendra également de travailler la posture des équipes RH afin de valoriser cet esprit de service tant attendu par tous. Les DRH sont au service du personnel. 

Alors, si l’IA s’invite à la table des DRH dans un monde du travail « care », c’est pour être au service de la personne, autrement. 

L’IA au service de la personne dans un monde du travail « care » 

Dans un monde du travail « care », les Directions des Ressources Humaines mettent l’IA au service de la personne en développant des accompagnements « augmentés ». 

En s’appuyant sur une démarche proactive et une connaissance approfondie des individus, l’IA permet de recentrer la relation sur l’humain, bien au-delà du simple collaborateur, tout en réinventant les solutions conversationnelles pour offrir un accompagnement véritablement personnalisé. 

L’IA éclaire le monde du travail « care » en permettant une anticipation des besoins plutôt qu’une simple réponse réactive. Grâce à l’analyse de données et aux outils intelligents les solutions détectent des signaux faibles liés au bien-être et suggèrent des actions adaptées à chacun (formations, prise en compte des aspirations personnelles pour la pose de congés, équité au sein des équipes, accompagnement personnalisé…). Les managers bénéficient d’une vue globale sur le bien-être de leurs équipes, favorisant des décisions éclairées et centrées sur l’humain. 

En valorisant cette prise en compte individuelle, les entreprises humanisent leurs relations internes et renforcent l’engagement des collaborateurs dans une démarche de symétrie des attentions. 

L’IA libère du temps pour les interactions humaines essentielles et aide à construire une relation authentique entre l’organisation et ses collaborateurs. 

Le monde du travail « care » ne se limite plus à des initiatives ponctuelles : il devient un pilier durable et stratégique, au service d’un bien-être global et d’une performance collective alignée sur des valeurs humaines. 

Le monde du travail engagé 

Par monde engagé, nous entendons un monde où les acteurs ont une conscience des enjeux sociétaux. Les DRH voient ainsi leur « terrain de jeu » s’élargir. Elles seront engagées au niveau de la cité où elles exerceront des responsabilités de plus en plus citoyennes : préserver, voire à développer l’employabilité, prendre en compte l’ensemble des risques, la criminologie, la cybersécurité, etc., s’engager dans des démarches liées à la transition écologique (décarbonation), et plus globalement à la RSE et à la Diversité, à l’Equité, à l’Inclusion (DEI). Dans cet équilibre entre l’économique, le social et l’environnemental, les équipes RH s’investissent de manière renouvelée afin de contribuer à une performance multidimensionnelle. Des approches innovantes associant les indicateurs clés de transformation et la prise en compte de l’ensemble des coûts et valeurs cachés sont attendues afin de positionner les DRH comme contributeurs clés aux bons résultats de l’organisation, tant sur le plan financier que social. 

Si l’IA s’invite à la table des DRH dans un monde du travail engagé, c’est pour être au service de la cité, autrement. 

L’IA au service de la cité dans un monde du travail engagé 

Dans un monde du travail engagé, les Directions des Ressources Humaines mettent l’IA au service de la cité. Ainsi, elles contribuent avec des solutions innovantes à déployer des pratiques RH citoyennes. 

En matière de risques juridiques, l’IA joue un rôle de surveillance essentiel, garantissant la conformité des pratiques RH avec les réglementations légales et éthiques. Elle permet de normaliser les processus et les pratiques, identifier les risques, notamment liés aux erreurs et fraudes sur les données RH et paie et protéger les données sensibles des collaborateurs. 

De plus, l’évolution des menaces liées à la cybercriminalité a conduit les entreprises à se confronter à de nouveaux enjeux qui nécessitent l’adaptation des organisations. 

En effet, le développement des solutions digitales et l’adoption de l’IA dans les organisations sont des atouts de compétitivité mais soulèvent nécessairement une augmentation de la surface d’attaque et d’exposition aux cyberattaques.

Dans ce contexte, l’IA s’avère utile dans la surveillance des risques, et renforce aussi la fonction RH comme garant de la sécurité des collaborateurs, du respect du cadre légal et de la protection des données personnelles. 

Concernant l’engagement social et environnemental, l’intégration de l’IA au sein des entreprises offre une opportunité inédite d’amplifier les politiques de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), tout en redéfinissant le rôle stratégique de la fonction RH. Comment l’IA peut-elle dynamiser les pratiques RSE ? En facilitant une meilleure connaissance des collaborateurs, l’IA permet de personnaliser et d’individualiser les initiatives sociétales. Cette approche favorise une adhésion plus forte et un alignement des actions RSE avec les valeurs et besoins des collaborateurs. 

Grâce à une analyse fine des données, l’IA permet de proposer des actions adaptées au contexte et aux attentes de chaque personne, déployées au meilleur moment. Par exemple, un collaborateur pourra participer au don de RTT en cas de solidarité envers un collègue ou une cause humanitaire, visualiser l’empreinte carbone de ses déplacements et recevoir des propositions pour la réduire, prêter ses compétences à des associations humanitaires dans un cadre structuré, choisir de contribuer via l’arrondi solidaire… L’IA n’est pas simplement une technologie ; elle est un catalyseur pour développer des pratiques positives et responsables dans un monde en quête de sens. Dans cette perspective, l’IA accompagne l’humain et l’élève, au service d’un avenir meilleur pour tous. 

Vers une DRH démultipliée et transformante 

Si les DRH accueillent l’IA avec confiance, c’est pour rendre possible cette DRH « démultipliée », à la fois transformée et transformante. On assisterait ainsi à une double transformation endogène et exogène des DRH avec l’IA : L’IA transforme les DRH (dans sa finalité, son rôle, ses pratiques et process) et permet aux DRH d’accompagner la transformation de l’organisation et des autres métiers. 

Nous devons repenser notre approche du progrès en recentrant l’innovation technologique autour de solutions qui servent l’intérêt général et participent à la construction d’un futur plus durable et inclusif. Cela signifie opérer une distinction entre une IA de complaisance et une IA d’impact, entre des solutions propulsées à l’IA qui ne servent qu’à divertir ou consommer, et celles qui permettent d’impacter positivement notre monde et notre quotidien.