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L’interopérabilité RH : pilier de la transformation digitale

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Face à la transformation digitale des entreprises, l’interopérabilité des systèmes d’information des Ressources Humaines (SIRH) n’est pas qu’une option technologique mais un facteur clé de fluidité et de cohérence pour la gestion globale de la paie et des RH. Au-delà de la simple connexion des outils, elle structure la manière dont les organisations repensent la circulation des données, assure la gouvernance de la data RH et l’expérience offerte à leurs collaborateurs.
Comme le met en évidence le baromètre Digital et RH Sopra HR / Usine Digitale, « 48% des DRH des grandes entreprises estiment que le manque de connexion entre les outils digitaux RH constitue un obstacle à la réussite de la transformation digitale de leurs organisations ».
Pour éviter la déperdition d’information ou les saisies multiples, il est nécessaire que l’ensemble des solutions qui constituent le SIRH de l’entreprise soient capables de dialoguer sur la base de référentiels harmonisés. L’interopérabilité concerne aussi les échanges d’information avec l’écosystème externe constitué notamment des organismes sociaux et institutionnels, réalisés selon des normes rigoureuses établies par l’État (par exemple la DSN). Ainsi le SIRH devient le socle d’une RH moderne, capable de répondre aussi bien aux attentes des collaborateurs qu’aux enjeux réglementaires dans un contexte exigeant et en évolution permanente.
Comprendre l’interopérabilité : définition et évolutions récentes
L’interopérabilité désigne la capacité d’un système informatique à interagir et à échanger des données de manière fluide avec d’autres systèmes, qu’ils soient similaires ou différents. Dans le domaine des Ressources Humaines, elle implique que le SIRH puisse communiquer aussi bien avec les applications internes de l’organisation (finance, moyens généraux, gestion des temps, … ) qu’avec des systèmes externes (plateformes de recrutement, organismes de formation, plateformes gouvernementales, …).
L’évolution des environnements RH a vu la montée en puissance des architectures « best of breed », c’est-à-dire l’assemblage de solutions spécialisées pour répondre à chaque besoin métier. Cette spécialisation a multiplié le nombre d’applications utilisées : il n’est pas rare de voir jusqu’à 20 ou 30 outils RH cohabiter dans un même SIRH, voire plus de cinquante dans certains groupes internationaux. Cette complexité impose une exigence nouvelle : garantir que les données circulent sans friction et de manière fiable.
En pratique, l’interopérabilité permet à chaque acteur RH d’accéder à la bonne information, au bon moment, peu importe le canal ou l’application utilisée, ce qui favorise la réactivité et la cohérence des actions. Elle ne se limite donc pas à la connexion technique ; elle doit répondre à des enjeux d’usage, de qualité des données, de conformité règlementaire, dans un contexte où la transformation digitale s’accélère et où les attentes des collaborateurs évoluent vers plus de simplicité et d’instantanéité.
Optimiser l’efficacité RH grâce à l’interopérabilité
L’un des apports majeurs de l’interopérabilité est l’amélioration de l’efficacité opérationnelle de la fonction RH. En supprimant les tâches redondantes et les doubles saisies, elle permet aux équipes RH de se recentrer sur la supervision et l’analyse. Chaque action réalisée dans un système peut automatiquement déclencher une mise à jour dans les autres applicatifs, évitant ainsi la multiplication des erreurs et des oublis.
Prenons par exemple le processus d’onboarding d’un nouveau collaborateur : sans interopérabilité, chaque service (RH, paie, informatique, formation) doit saisir et valider les mêmes informations à différents endroits. Ce fonctionnement « en silo » génère des risques d’erreurs, de retard et une expérience dégradée pour le nouvel arrivant. À l’inverse, l’interopérabilité permet de surmonter ces barrières en facilitant le partage automatique des informations essentielles du collaborateur entre les divers systèmes d’information, rendant plus fluide et plus fiable un processus complexe, impliquant initialement de multiples acteurs et systèmes.
Selon le baromètre Sopra HR/Usine Digitale, « plus de 70% des tâches RH sont encore administratives », mais l’automatisation rendue possible par l’interopérabilité représente, à terme, un précieux gisement d’efficience pour la fonction RH.
Expérience utilisateur et adoption : un enjeu clé du SIRH
L’interopérabilité ne se limite pas à l’optimisation des processus internes ; elle est aussi un facteur déterminant de l’expérience utilisateur, tant pour les collaborateurs que pour les managers. La prolifération des solutions “best of breed” a complexifié l’environnement RH. Les utilisateurs, habitués à des applications très intuitives et interconnectées dans leur quotidien, rencontrent souvent des difficultés à adopter les outils RH déployés en raison de problèmes d'accès, de navigation et d'expérience globale. Ces obstacles peuvent sérieusement nuire à leur perception des bénéfices réels offerts par ces solutions et affecter l’image qu’ils ont de leur employeur.
Pour maximiser l’adoption et l’efficacité des solutions, il est essentiel de proposer une expérience fluide, où l’accès aux différents outils RH s’effectue sans friction.
La mise en place d’un système d’authentification unique (SSO) constitue à ce titre une avancée notable : une seule connexion donne accès à l’ensemble de l’écosystème RH,
simplifiant grandement le parcours utilisateur. De même, le portail RH unifié, personnalisable selon les profils, permet de centraliser les démarches et d’orienter chaque collaborateur vers les fonctionnalités
et les informations pertinentes.
Interopérabilité et conformité réglementaire : sécuriser l’écosystème RH
Dans un environnement réglementaire complexe et évolutif, les SIRH doivent intégrer de nouvelles normes (sociales, fiscales, RGPD, ...) et garantir que les données personnelles sont traitées de façon sécurisée et conforme aux exigences légales. L’interopérabilité joue ici un rôle de catalyseur : elle permet d’assurer la cohérence et la traçabilité des informations échangées avec les systèmes administratifs de l’État et les organismes extérieurs.
Face à l’évolution rapide des normes, il ne suffit plus de surveiller la réglementation : les SIRH doivent désormais échanger directement avec les systèmes administratifs de l’État pour garantir un niveau optimal de conformité.
Ces échanges réalisés selon des normes rigoureuses, ouvrent la voie à une meilleure qualité des données RH. Ils offrent aussi la garantie que les informations concernant les collaborateurs, transmises aux plateformes officielles, sont fiables et régulièrement mises à jour. La maîtrise des flux d’informations et leur conformité sont ainsi renforcées, ce qui limite les risques d’audit négatif ou de sanction, tout en protégeant la réputation de l’organisation.
Un écosystème RH interopérable facilite également la gestion des droits d’accès et la gouvernance des données, autant d’aspects de plus en plus surveillés par les régulateurs et les parties prenantes.
Fiabilité, sécurité et qualité des données : des bénéfices concrets
Les échanges automatisés permettent de supprimer les doublons, de réduire les erreurs humaines et de garantir que chaque information circule de façon cohérente dans l’ensemble du paysage applicatif.
Comme l’indique les travaux du Think Tank Infinity de Sopra HR Software : « Les directions RH ont accès à de nombreuses données internes et externes, souvent hautement confidentielles. La plus grande rigueur
est donc de mise dans la collecte, le traitement et l’historisation de ces informations. »
— Livre Blanc “Quand l’IA s’invite à la table des DRH”
L’interopérabilité, adossée à des mécanismes de sécurisation robustes (cryptage, contrôle des accès, traçabilité), devient un gage de protection des données sensibles. Elle réduit les risques d’exposition lors des transferts d’information, ce qui est vital à l’ère du télétravail et de la mobilité accrue.
L’apport de l’IA, enfin, vient renforcer ce socle en permettant un pilotage intelligent des flux d’information et en veillant à la cohérence globale du référentiel RH. Cela ouvre la voie à de nouveaux services, plus personnalisés, et à une gouvernance des données encore plus exigeante.
Ouvrir la voie à la RH augmentée
En facilitant les échanges entre solutions spécialisées et en garantissant la qualité des données, l’interopérabilité s’affirme comme le terreau d’une fonction RH moderne, fluide et connectée.
Les bénéfices sont tangibles : réduction des délais administratifs, fiabilité accrue, conformité renforcée, adoption facilitée par une expérience utilisateur fluide. Les informations sont cohérentes, consolidées et sécurisées.
De plus, avec l’intensification des usages de l’IA, la maitrise de l’urbanisation des SIRH sera un prérequis indispensable pour s’inscrire pleinement dans l’objectif d’une « RH augmentée », capable de s’appuyer sur une data RH fiable pour répondre aux enjeux du futur.
Les organisations qui s’engageront sur cette voie, auront une longueur d’avance pour embarquer vers la RH de demain.
