TENDANCES RH

Les impacts de l’IA sur les collaborateurs

De Think Tank Infinity
31 mars 2025

L’intelligence artificielle transforme l’expérience collaborateur 

 

L'IA est déjà présente dans de nombreux aspects de la vie personnelle et utilisée dans des usages au quotidien, parfois même sans que nous le sachions : chatbots, recommandations personnalisées, optimisation des trajets… Depuis novembre 2022 avec ChatGPT et ses capacités génératives, elle s’est propagée à une vitesse incroyable, envahissant tous les espaces professionnels, éducatifs et personnels.  

 

De quelle façon l’IA va-t-elle modifier la vie au travail ? Quelle aide pourra-t-elle apporter dans l’environnement professionnel ? A terme, faut-il craindre et pour quels métiers un remplacement de l’homme par la machine ? Autant d’interrogations et défis à venir au sein des organisations.   

 

Quel impact a l’IA sur l’emploi et les métiers ? 

 

Comme beaucoup d’autres révolutions technologiques majeures avant elle (mécanisation, robots, informatique, internet…) qui ont bouleversé nos modes de vie et de travail, l’IA fait naître de nombreuses craintes et génère beaucoup de méfiance dans l’univers professionnel. 

 

Une nouvelle étude de l’Organisation internationale du Travail (OIT) révèle que l’IA générative est plus susceptible d’augmenter que de détruire les emplois en automatisant certaines tâches plutôt qu’en remplaçant entièrement un rôle. 

 

L’étude suggère que la plupart des emplois et des industries ne sont que partiellement exposés à l’automatisation et sont plus susceptibles d’être complétés que remplacés par la dernière vague d’IA générative. 

 

Par conséquent, l’impact le plus important de cette technologie ne sera probablement pas la destruction d’emplois, mais plutôt les changements potentiels de la qualité des emplois, notamment l’intensité du travail et l’autonomie. 

 

Les points de vue les plus pessimistes sont battus en brèche par de nombreuses études sur ce sujet qui tablent plutôt sur une transformation profonde du travail. Il ressort du rapport du gouvernement « L’IA, notre ambition pour le France » que « dans 19 emplois sur 20, il existe des tâches que l’IA ne peut pas accomplir ». Cette publication précise par ailleurs « que les emplois directement remplaçables par cette innovation technologique ne représenteraient au niveau national que 5 % des emplois dans un pays comme la France. Autre enseignement notable extrait de cette même étude : la diffusion de l’IA devrait au contraire générer des créations nettes d’emplois « dans de nouveaux métiers, mais aussi dans d’anciens métiers. »  

 

 On apprend en même temps que l’on avance. On ne sait pas quels seront les vrais usages de demain, mais, en attendant, on ne peut pas prendre le risque de ne pas se former. Il faut embarquer tout le monde dans ce changement. L'IA en interne n’est pas qu'un sujet RH, mais de mobilisation globale de l’entreprise. »
Louis-Maxime Nègre, Directeur des Ressources Humaines du Groupe Sopra Steria

 

L’IA au service des collaborateurs : un levier de productivité 

 

Il est aujourd’hui impossible de passer à côté de l’IA et même de résister à cette avancée technologique majeure qui bouleverse nos sociétés et le monde du travail. En utilisant peu ou pas cet outil, les collaborateurs se verraient limités dans leur expérience. Pour s’approprier cette technologie et la maîtriser, il conviendra d’adopter une nouvelle posture, à savoir accepter de se sensibiliser au sujet et de suivre les programmes de formations proposés en interne. Par exemple, apprendre à rédiger des « prompts » permettra ainsi d’obtenir du système des réponses plus ciblées et plus précises. Des séances régulières de remise à niveau seront à envisager régulièrement car les capacités de cette technologie intelligente évoluent vite.  

 

Cette montée en puissance de l’IA n’empêchera pas pour autant l’humain de rester aux commandes. Pour une utilisation optimisée, il faudra être capable d’analyser la pertinence et la fiabilité des réponses obtenues. Cette capacité à valider les résultats de la machine permettra de garder la main sur les décisions qui resteront du ressort de l’humain.  

 

Cette technologie est en mesure d’offrir de nombreux atouts encore insoupçonnés ou mal connus des collaborateurs ne l’ayant pas encore ou peu employés. Ces changements à venir génèrent un certain optimisme car ils vont constituer une aide au quotidien tant pour un collaborateur que pour un service ou une équipe.  

 

Dans ce contexte, l’enjeu pour la fonction RH est de donner les clés aux collaborateurs pour comprendre ces technologies et les aider à adopter de nouveaux usages dans le monde professionnel. Savoir intégrer et utiliser à bon escient l’IA dans son quotidien pourra ainsi apporter de réels bénéfices aux collaborateurs. 

 

Libérer les collaborateurs de tâches chronophages, répétitives et à faible valeur ajoutée 

 

L'IA peut déjà automatiser des tâches quotidiennes chronophages, telles que le traitement de données, l'analyse de documents, la gestion des courriels ou la rédaction de comptes-rendus de réunions. A condition de bien la maîtriser, l’IA s’avère pour tout collaborateur un soutien précieux pour automatiser des tâches simples, répétitives voire quotidiennes ne nécessitant que peu de réflexion. Grâce à ce travail délégué au système, le collaborateur est en mesure de dégager du temps pour se concentrer sur des facettes de son travail plus exigeantes, délicates et complexes.  

 

 L’IA devrait être utile aux collaborateurs pour réaliser des tâches administratives à faible valeur ajoutée pour justement dégager du temps pour l’interaction humaine et monter en compétences sur d’autres sujets. » 
Catherine Chavanier, Directrice des Ressources Humaines Groupe de CDC Habitat 

 

L’usage de l’IA et son développement dans les entreprises vont engendrer une nouvelle façon de travailler. Cela va bousculer les habitudes, les fonctionnements et les modes d’organisations internes. Mais pas seulement. En libérant les collaborateurs des tâches administratives, répétitives et chronophages, l’IA va leur permettre de se recentrer sur des tâches plus spécifiques à leurs métiers ou de développer de nouvelles compétences. Ce gain de temps devrait aussi leur donner l’occasion de se consacrer davantage à la réflexion, à la créativité, à l’accompagnement ou à des missions plus stratégiques. L’évolution de l’expérience collaborateur devrait à terme permettre un accompagnement personnalisé tout au long du parcours professionnel. 

 

 Pour que l’IA ne devienne pas un outil de plus, c’est à l’entreprise de développer et d’optimiser son usage auprès de tous. Un co-accompagnement RH/SI s'avère nécessaire. »
Madeleine Podeur, Directrice des ressources humaines du groupe Omnium 

 

Un outil pour améliorer l’engagement et le bien-être au travail 

 

Un chatbot interne pour gagner du temps... à consacrer à l’humain. Basés sur l’IA, les chatbots nouvelle génération, utilisent des techniques d’apprentissage automatique mises à jour en permanence pour analyser le texte et générer une réponse personnalisée. Des questions précises sur, par exemple, les congés et les avantages sociaux, obtiennent rapidement une réponse. Présentant l’avantage d’être accessibles 24h/24 et 7j/7, et personnalisables par chaque entreprise, les chatbots permettent une gestion simplifiée des missions quotidiennes des professionnels sur ce plan.   

 

Et si l’on pousse la réflexion plus avant, ces résultats pourraient avoir un effet favorable sur la satisfaction et l’épanouissement personnel. Ce sont autant d’éléments qui participent à l’amélioration d’un sentiment de bien-être au travail. C’est ce que confirme un rapport du gouvernement « L’IA, notre ambition pour la France » : « l’IA peut augmenter la qualité de vie au travail …car les utilisateurs déclarent effectivement être plus épanouis et plus performants car ils se débarrassent des tâches routinières ».  

 

Lorsqu’elle est intégrée de manière réfléchie dans le quotidien des collaborateurs, l’IA devient un véritable allié, permettant à chacun de renforcer la qualité et l’impact de son travail. C’est un levier précieux pour enrichir l’expérience des collaborateurs et accroître leur engagement. 

 

Cette notion de bien-être au travail est également abordée dans l’enquête « l’IA ou l’avenir du recrutement » d’Indeed qui souligne que d’après les responsables RH, l’IA améliorerait la satisfaction générale des collaborateurs face à leur travail (65 % contre 54 % avant l’IA), leur motivation (60 % contre 49 %), leur sentiment de bonheur au travail (60 % contre 51 %) ainsi que le niveau de stress ressentit (65 % contre 54 %). 

 

 Ces nouveaux assistants digitaux vont permettre à la fonction RH de pouvoir apporter une réponse encore plus personnalisée à chaque contexte personnel. En augmentant la proximité, l’écoute et le support aux collaborateurs, l’usage de l’IA va faire évoluer le lien entre le salarié et les RH. »
Véronique Montamat, Directrice Marketing & Prospective RH de Sopra HR Software.  

 

En termes de qualité de vie au travail et de santé mentale, l’IA offre également d’autres opportunités : « l’IA peut analyser des données de mesure du bien-être des agents, analyser des relations entre collègues, établir des programmes personnalisés d’actions en faveur du bien-être des agents, mesurer le retour sur investissement des actions en faveur du bien-être et détecter de façon précoce des problèmes de santé mentale » note le ministère de la Transformation et de la fonction publiques dans une étude de 2024 consacrée aux RH.  

 

Managers et RH : accompagner l’essor de l’IA 

 

Du point de vue du manager, l’IA permet également de prendre en charge les tâches administratives et souvent chronophages : validation des congés et gestion des plannings opérationnels, préparation des entretiens individuels…, les aidant à se concentrer sur les aspects humains : être plus disponibles pour leurs équipes, plus à l’écoute, proactifs dans la gestion des talents, et mieux armés pour faire face aux défis de l’entreprise.  

 

 L’intelligence artificielle doit rester un accélérateur au service de l’humain, un outil qui accompagne les managers en facilitant notamment la compilation, la synthèse, la reformulation tout en garantissant transparence et explicabilité. Le manager reste au cœur de l’analyse et de la décision, de par son usage éclairé et responsable mais surtout de par sa posture de proximité avec son équipe, au cœur de nos pratiques. »
Cyrille Garnier, Directrice du Département Fondamentaux et Innovation du Groupe Sopra Steria 

 

Cette plus grande disponibilité pourrait permettre de mieux prendre en compte les demandes et les besoins collectifs et individuels. L’usage de cet outil intelligent pourra également détecter, voire permettre d’anticiper les risques psychosociaux au sein d’un groupe de collaborateurs ou d’un service.  

 

  Certains managers aimeraient mieux mesurer grâce à l’IA les risques psycho-sociaux d’un groupe, d’un service, autrement dit détecter plus précocement les éventuelles tensions au sein d’un collectif à partir de datas diverses. Cette nouvelle technologie pourrait à terme aider à travailler dans cette direction. » 
Aurélie Eray, DRH adjointe et Directrice déléguée aux projets SIRH du CEA 

 

Utilisée à bon escient, l’IA peut devenir le meilleur allié des managers, aidés au quotidien dans leurs pratiques, dans la gestion des échéances RH et dans l’anticipation des actions. 

 

Comment les RH accompagnent-il l’acculturation à l’IA afin de mettre en place son utilisation ? 

 

L’enjeu pour la fonction RH est de donner les clés aux collaborateurs pour comprendre ces technologies et les aider à adopter de nouveaux usages. Cela passe notamment par : 

  • Le déploiement d’un programme d’acculturation auprès de toutes les populations et les strates de l’entreprise, pour accompagner sur le terrain, réduire les craintes et les résistances et mieux faire comprendre les enjeux derrière le recours à l’IA. 
  • L’accompagnement de la transformation de certains postes nécessitant pour un collaborateur de travailler en cohabitation ou en partage des tâches avec différentes familles de robots ou avec de l'IA embarquée dans un outil ou une solution informatique.
  • L’adaptation de la formation et des plans de développement pour faire entrer l’entreprise dans une logique ‘d’entreprise apprenante’. 

 

Durant la phase de formation et d’apprentissage de cet outil, le défi à relever va d’une part consister à ne laisser aucun collaborateur de côté pour éviter les décrochages et les déqualifications et d’autre part réduire les écarts de connaissances existantes entre les débutants et les plus avancés. 

 

Aujourd’hui, personne ne sait quels seront les usages de demain mais en attendant, il est impossible de prendre le risque de ne pas se former à l’IA. Les collaborateurs doivent donc l’apprivoiser non seulement pour savoir comment l’utiliser dans le but d’améliorer leur efficacité au travail, mais aussi pour porter un regard critique sur les informations fournies.  

 

  Pour réussir à relever cet enjeu de l'IA, il faut une bonne stratégie d’acculturation. Ainsi l'entreprise doit accompagner les collaborateurs parallèlement à la transformation de l’entreprise. »
Anne Grjebine, Conseil sénior en innovation RH d’Air France   

 

Encadrer l’usage de l’IA, trouver un équilibre entre innovation et dimension humaine 

 

Pour un usage approprié et mesuré, l’entreprise devra envisager d’élaborer un cadre général pour déterminer des règles d’usage et indiquer les tâches confiées à l’IA et celles qui continueront à relever de l’humain. Il sera aussi de son ressort de définir des méthodologies d’exploitation et d’établir les lignes rouges. Dans le même temps, l’entreprise doit rester vigilante au sujet de la coexistence entre l’homme et la machine avec finalement comme objectif de toujours préserver la dimension humaine dans les prises de décisions. Un autre défi pour l’entreprise consistera également à veiller qu’avec l’IA et une dérive digitale, la qualité de vie au travail du collaborateur ne se détériore pas (hyper connexion, déshumanisation, aliénation à la machine, stress plus élevé) avec un risque accru sur sa santé mentale. Ce dernier sujet nécessitera de mettre en place en amont des garde-fous. Un rapport du Ministère de la Transformation et de la Fonction Publique sur l’IA résume bien l’enjeu « Plus il y aura de digital, plus on aura besoin d’humain ».  

 

Cet article est extrait de notre livre blanc "Quand l’IA s’invite à la table des DRH" - Découvrez le dans son intégralité ! 

 

Think Tank Infinity
DÉCOUVREZ NOS SOLUTIONS

Entrez dans la RH du futur